vendredi 3 juin 2016

ANDRÉ FONTBONNE SUR LES PAS DU Dr PIERRE BESSERVE

André Fontbonne
La première Saint Verny tournante du vignoble des Côtes d'Auvergne s'est tenue récemment à Chauriat. Elle a donné l'occasion à l'AIR de DALLET de papoter avec André Fontbonne, chroniqueur familier du thème de la vigne et du vin, éminent conteur de la grandeur et des vicissitudes de l'activité vitivinicole au pays de Dallet.
    André Fontbonne, voilà bien un cadre parfait pour réaffirmer votre attachement à l'histoire du vignoble dalletou qui a façonné les hommes qui lui ont consacré leur labeur. Je me suis arrêté voici quelques jours sur votre récit retraçant le riche parcours de vie d'un enfant du pays, le docteur Pierre Besserve . Ce texte a été publié dans la dernière livraison (n° 76) de la revue des Compagnons du Bousset, confrérie dont il était membre, comme vous l'êtes vous-même. Homme de caractère, dites-vous, il s'est hautement distingué dans bien des domaines, en tant que médecin, élu local, résistant et vigneron. 
    Pour les lecteurs de la  gazette, acceptez-vous de reprendre l'essentiel de la biographie de l'intéressé, étude que vous avez réalisée à partir notamment d'éléments aimablement communiqués par sa famille.

    Bien volontiers, mon propos s'articulera autour des quatre grands traits que vous venez d'esquisser.
    • Une vocation de médecin amplement éprouvée.
    Pierre Besserve est né à Dallet en 1876, ses parents sont cultivateurs. Le contexte local parait positif, nous nous situons avant la crise du phylloxera, la vigne est à Dallet une quasi-monoculture. Le train relie désormais Clermont-Ferrand à la capitale et c'est à Paris que Pierre conduira ses études de médecine. Libéré des obligations militaires, à l'orée du nouveau siècle, il s'installe à Pont du Château pour exercer sa noble profession. Survient la Grande Guerre. Il est bien sûr mobilisé, dès août 1914, pour servir comme médecin chef, alternativement en hôpital et à l'ambulance. Les cruautés qu'il côtoiera le marqueront à jamais. Rendu à la vie civile en 1919, il retrouve Pont du Château, commune à laquelle il restera toujours attaché, et sa patientèle qui bénéficiera de ses compétences éclairées, de sa totale disponibilité et bien des fois de sa générosité..
    •  Un élu dévoué et proche du terrain.
    A l'écoute des préoccupations de ses concitoyens, attentif à tous, d'une probité sans faille, désintéressé, d'esprit ouvert, abhorrant l'opportunisme, il devint leur maire en 1919 tout en maintenant l'activité de son cabinet. Il eut en particulier à gérer les légitimes aspirations de la population à de meilleures conditions de vie, par exemple par l'accès à un réseau d'adduction d'eau. En même temps, le canton le choisissait pour le représenter au Conseil Général. Il y fut pendant de longues années un membre influent de la commission départementale et un pilier de la commission des finances en charge de la délicate fonction de rapporteur du budget. Constamment réélu, Pierre Besserve dédia ainsi plus de vingt années de son existence à la gestion de la "chose publique".
    • Un résistant de la première heure.
    Septembre 1944, Dans le cadre de la Libération,
    le Dr Besserve (debout prononçant son allocution)
    est réinstallé dans ses fonctions de maire.
    (Photo collection famille)
    En 1940, Pierre Besserve fut de ceux qui se refusèrent à considérer la défaite comme définitive et à faire allégeance au gouvernement de Vichy. Cette situation mit en  conséquence un terme à ses mandats électifs. Adoptant une attitude courageuse, il sera dans les premiers à rejoindre la Résistance où il participa à plusieurs missions périlleuses, abrita des dépôts d'armes clandestins, se rendit en tous lieux pour prodiguer des soins à des maquisards blessés. La Libération venue, en septembre 1944, le docteur Besserve sera solennellement réinstallé comme maire de Pont du Château par les nouvelles autorités civiles et militaires en présence d'une foule enthousiaste.
    • Un vigneron accompli. 
    Raisin Gamay  du vignoble puymurois.
    (photo A Fontbonne)
    Issu du monde rural  et imprégné d'un fort atavisme vigneron, Pierre Besserve était propriétaire d'une parcelle de gamay à Dallet, au Courleyroux. Exploitée sous forme de métayage, il s'y rendait fréquemment pour suivre l'évolution du cycle végétatif et donner, le meilleur moment venu à ses yeux, le signal des vendanges. Le vin produit dégageait une belle minéralité, le terroir d'assise combinant des éléments de basalte du puy de Mur et des pépérites du puy  St Jean. Il n'aimait boire que ce vin.
                                                             
    Pierre Besserve est décédé en 1970. Il repose au cimetière de Dallet, Dallet qui peut s'enorgueillir de cette très honorable figure.                                                                  

    La vigne sur le coteau du "Courleyroux", .A ses pieds Pont du Château